Comme nous l’avons mentionné antérieurement, la vision environnementale du maire Dorais, qu’il nomme lui-même « développement durable », ne résiste pas longtemps aux paradoxes simples qu’elle rencontre dans la réalité. Au-delà de quelques réalisations intéressantes du point de vue environnement, lorsque des citoyens ou des élu-e-s ont l’occasion de remettre en question concrètement cette notion « fourre-tout » de développement durable, le château de cartes s’effondre. Et c’est d’ailleurs ce qui attend notre société si on refuse d’aborder le fond des choses comme le fait le maire de l’arrondissement Sud-Ouest.
Ainsi, le maire Dorais s’est senti obligé d’intervenir en publiant un communiqué de presse le 25 avril dernier parce qu’un citoyen voulant se débarrasser d’un vieux garage (une place de stationnement) afin d’agrandir l’espace vert de sa cour. Celui-ci s’est vu refuser l’autorisation de l’arrondissement. Au-delà « des intentions louables de verdissement » le Maire croit que le règlement obligeant d’avoir une case se stationnement est prioritaire.
La question de fond qui est ici posée, mais non soulevée en débat, ni par le Maire ni par le citoyen, c’est la présence de l’automobile comme moyen privilégié de transport dans notre société urbaine.
Le Maire prétend que si l’on élimine les cases de stationnements privées on va encombrer les rues et qu’il n’y aura plus de place. Quant au citoyen, il affirme que dans son coin le stationnement sur rue n’est pas problématique, ne soulevant pas l’idée qu’il pourrait l’être si tout le monde faisait comme lui. D’où l’obligation réglementaire faite aux promoteurs de prévoir du stationnement privé. Cela apparaît d’une logique implacable lorsqu’on veut protéger la chèvre et le chou, c’est une façon de laisser les choses aller en se croisant les doigts pour que l’inévitable ne se produise pas.
Évidemment avec une telle vision, surtout de la part du Maire et malheureusement partagée par la presque totalité des élu-e-s de tous les paliers de gouvernement, on n’est pas sorti de l’auberge.
Pour ceux et celles qui partagent une réelle vision écologique du devenir de la société, conscient-e-s des derniers rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le communiqué du Maire est d’une saveur pour le moins douteuse.
L’enjeu écologique du terrain synthétique
Le même type d’enjeu de fond s’est produit au conseil d’arrondissement dernièrement lorsque les élu-e-s de Projet Montréal ont remis en cause l’installation d’un terrain de soccer synthétique (appuyé également par de nombreux citoyens) et de promouvoir plutôt un terrain naturel moins susceptible de créer un ilot de chaleur. Même si les élu-e-s de Projet Montréal ont eu de la difficulté à articuler la vision écologique d’une telle décision l’intention écologique y était et ils et elles ont eu le courage de poser le débat. Quant au maire Dorais, ses nombreuses tentatives de bloquer le choix des élu-e-s de Projet Montréal relèvent d’une certaine démagogie populiste ou bien à sa faible compréhension des enjeux majeurs qui confrontent l’avenir immédiat de notre société. Comme il s’agit d’un homme très bien informé et conscient, la première raison demeure la plus plausible.
Une façon d’encourager le cynisme envers la classe politique de la part des citoyens et des citoyennes qui luttent pour changer les choses.