L’appel à la solidarité du collectif Au pied du mur a été entendu ce vendredi 6 décembre. Près d’une centaine de personnes ont expressément fait le détour pour joindre le rassemblement anti-raciste dont le but était double: restaurer le dessin volontairement endommagé par un acte raciste et exprimer, individuellement et collectivement, le refus du racisme.
Rappelons que dans la nuit de lundi à mardi 3 décembre, le visage de la femme noire a été méticuleusement recouvert de peinture blanche (rien d’autre sur la murale n’a été abimé). En point de presse impromptu, des membres du collectif Au pied du mur ont publiquement dénoncé le geste comme étant à connotation raciste. Mais il ne fallait pas en rester là, il fallait organiser une riposte. Le rassemblement qui s’est tenu de 16h30 à 18h30 a bien souligné la capacité d’agir des forces citoyennes de la communauté.
Murale, politique et médias
Cette murale collective qui a suscité la participation de plus de 160 personnes est une œuvre éminemment sociale et politique dans la manière où elle a été conçue et réalisée autant que dans les nombreux messages qui s’y trouve. Peu de médias « mainstream » s’y sont intéressés vu qu’il n’y avait rien là de spectaculaire. Soudain, la murale fait parler d’elle, le geste posé étant rapidement relié par les médias à l’ensemble du débat politique sur la charte de la laïcité qui secoue le Québec et qui provoque diverses réactions.
Plusieurs militant-e-s ont marqué leur surprise face au geste posé, car aucun tag (les tags n’ont en général pas de signification politique précise) n’y avait été fait depuis son inauguration le 21 septembre jusqu’à ce jour du 3 décembre. Mais nous sommes au cœur du débat autour de le charte sur la laïcité qui joue une certain rôle d' »agitateur», mais également celui de « révélateur » des tensions provoquées par les effets de plus en plus déstabilisateurs des dirigeant-e-s politiques et économiques liés au néo-libéralisme et au capitalisme. Il est n’est donc pas étonnant que des manifestations d’intolérance apparaissent ici et là un peu plus régulièrement dans la population et ce, jusque dans les milieux communautaires.
Le rassemblement anti-raciste d’hier se situe bel et bien sur le terrain du débat et de l’action politique qu’il ne faut pas refuser, au contraire. Comment retourner un événement négatif en un événement/symbole qui touche non seulement notre quartier, mais qui rejoint des enjeux de ce monde. Nous ne l’avions pas prévu, mais la planète politique semblait bien enlignée. Rappelons le symbole visé: une femme… noire. Le 6 décembre 1989, voilà 24 ans, tombaient 14 femmes lors de la tuerie de Polytechnique, le 5 décembre 2013 Nelson Mandela s’éteignait, ce que des gens ont exprimé spontanément sur certaines affiches.
En somme, les militant-e-s du Collectif Au pied de mur ont cherché à faire jaillir les enjeux positifs liés à ce vandalisme politique. , Rencontre solidaire de résident-e-s, expressions écrites et affichées sur les lieux, solidarité citoyenne, dénonciation du racisme, bref une prise de possession collective du débat et de la place publique comme réaction au geste raciste qui a été posé.
NO PASSARAN – Le racisme ne passera pas à Pointe-Saint-Charles.
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