La lutte à la pauvreté chez les élu-e-s du Sud-Ouest

Dans un communiqué du 30 juillet dernier, les élu-e-s nous annonce que  « L’arrondissement investit près d’un demi-million de dollars dans sa lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ».

On voit ici le maire Benoit Dorais

Depuis un an ou deux, le maire Doraisa corrigé le tir au niveau du discours. Il n’hésite plus à parler de lutte à la pauvreté. Ainsi, la série de subventions à des groupes en « sécurité alimentaire », « saines habitudes alimentaires » ou même « revitalisation et sécurité urbaine », se retrouve au chapitre de la lutte à la pauvreté. Nous le soulignons, même si ces programmes d’aide municipaux existent depuis longtemps, la référence faite à l’enjeu de la pauvreté est digne de mention et indique une sensibilité de la part des élu-e-s du Sud-ouest.

 

Cela dit, l’utilisation d’un discours à saveur sociale peut n’être au fond qu’un écran de fumée destiné à la bonne image des élu-e-s.  Car, au-delà du discours, il n’existe pas de véritable stratégie cohérente et globale de lutte à la pauvreté ni à l’arrondissement ni à la Ville. Comme certains groupes l’ont mentionné, Montréal se contente « de gérer des programmes » sans exercer de leadership. Quant au Front d’action populaire en réaménagement urbain il demande depuis de nombreuses années que  « l’habitation soit incluse dans les priorités d’intervention« . L’habitation, affirme le FRAPRU, « est un élément essentiel de la lutte à pauvreté et doit faire partie intégrante de chacune des stratégies et interventions ».

 

Dire que le logement social ne soit pas considéré comme la pierre angulaire de la lutte à la pauvreté dans une ville comme Montréal se rapproche du « je-m’en-foutisme ». Dans ses budgets d’investissement, Montréal accorde la priorité à l’accession à la propriété plutôt qu’à soutenir l’accès à la dignité pour une partie des 36% de ménages montréalais considérés comme pauvres. Dans ce contexte rien ne nous indique que « l’image publique » n’est pas ce qui est principalement recherché par l’annonce des élu-e-s de l’arrondissement Sud-Ouest.

 

Une banque de terrains et de bâtiments

 

Au moment où le communiqué de l’arrondissement paraissait, un nouveau rapport de l’Association médicale canadienne, s’ajoutant aux nombreux autres déjà connus, indique encore une fois que la pauvreté est le principal déterminant sur la santé. Selon le rapport de l’AMC, le logement est le deuxième déterminant social qui a le plus d’effet sur la santé.

 

Justement, de nombreuses associations mènent actuellement une campagne pour inciter la Ville à faire un peu plus pour assumer ses responsabilités en se dotant d’une banque de terrains et de bâtiments afin d’accélérer l’implantation de logements sociaux. Il semble que le maire Dorais, qui par ailleurs est responsable de l’habitation au comité exécutif de la ville, ait donné un accord de principe à un tel projet. Mais au-delà du principe, la solution n’est pas réellement compliquée à trouver. Il faut simplement comme première décision que des budgets dévolus à l’accession à la propriété soient transférer pour le logement social. Mais on voit bien que la volonté politique fait défaut à la Ville, la majorité des élu-e-s considérant que c’est à travers l’effervescence immobilière du marché privé qu’on arrivera par magie à régler les problèmes.

 

Un détour par l’arrondissement Sud-Ouest du maire Dorais montre que le logement social est encore loin de constituer une priorité comme moyen de lutte à la pauvreté. L’état lamentable des résultats pour le logement social, la perte importante de logement locatif, l’augmentation faramineuse des loyers (et des évaluations municipales), tout ça en regard de l’effervescence et des centaines de millions$ du secteur immobilier dans le Sud-Ouest, nous dit qu’une stratégie de lutte à la pauvreté ne fait pas partie des plans de nos élu-e-s. L’insipide « Stratégie d’inclusion de la ville » défendue par Benoit Dorais n’est que de la poudre aux yeux en regard de la crise du logement vécue par des milliers de ménages dans le Sud-Ouest.

 

Pour l’instant, il y a lieu de considérer que le discours de l’arrondissement sur la lutte à la pauvreté ne vise qu’à attirer une clientèle électorale.

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