Les élections municipales de novembre 2013 approchent, les élu-e-s de Vision Montréal, le maire Dorais entête se prépare sans doute pour une reconduction de mandat.
À l’intérieur du modèle politique actuel qui tient lieu de démocratie municipale, Benoit Dorais fait figure « d’homme à battre » dans le Sud-Ouest. Comme l’attrait électoral tient plus de la personnalité et du vedettariat individuel que des idées politiques, le leadership qu’il a exercé depuis son élection en 2009 lui a permis d’occuper une place très visible dans l’opinion publique. Enfin, tous les ingrédients sont réunis pour célébrer une deuxième victoire le soir du 3 novembre prochain.
Une des caractéristiques de Benoit Dorais est qu’il est un des rares maires d’arrondissement se situant plutôt à gauche. De nombreux militant-e-s sociaux reconnaissent que c’est « pas mal moins pire » qu’avec l’ancienne mairesse, « au moins la discussion est possible et le débat reste ouvert ». Autrement dit, faute de mieux ont se contente de ça. Ça fait un « bail » que la majorité des quelques élu-e-s « dit progressistes » dans certains arrondissements n’affichent plus leurs convictions profondes, de peur d’être « planté » par la presse de droite. Et lorsqu’on ambitionne de faire carrière dans la hiérarchie municipale ou de s’offrir un éventuel tremplin pour un autre palier, il faut « la jouer serré ».
Autrement dit, dans le spectre politique général à Montréal, la droite politique et l’aile néo-libérale détiennent un très confortable espace et laissent peu de place aux idées saugrenues qui voudraient faire des besoins sociaux un enjeu politique. Dans les circonstances, elle peut même se permettre d’aborder « positivement » un thème comme le logement social. Coderre le fait, Bergeron le fait, Harel le fait, donc Marcel Côté le fera. Le leitmotiv: faire des promesses, juste assez pour ne pas trop importuner les promoteurs immobiliers, les véritables développeurs de Montréal, tout en passant pour un grand humaniste.
L’arrivée de Marcel Côté
Marcel Côté le rassembleur s’associe donc à Louise Harel et à Vision Montréal dans la campagne électorale qui débute. Objectif sous-jacent: barrer la route à Denis Coderre. Que ne ferait-on pas chez les péquistes rompus aux tactiques de manipulation pour être présent dans le pouvoir quitte à vendre son âme au diable, s’il en reste une. Les relations d’affaires de Marcel Côté auront-elles raison du populisme de Denis Coderre ? Peu importe, les pouvoirs économiques dominants seront gagnants de cette « lutte intestine » non officielle. Car c’est à une des deux enseignes que se retrouvera le prochain gouvernement municipal. Quant à Richard Bergeron et à Projet Montréal, ses positions ni ni (ni gauche ni droite) lui feront faire du sur-place. Il est donc possible qu’on se retrouve avec un pouvoir de coalition. Voilà, les paris sont faits.
Revenons à Marcel Côté. Ce rassembleur beau parleur a des idées bien tranchées. Elles sont de droite et d’un effet prononcé. Sa carrière est exemplaire, on ne peut pas se tromper. Quelques déclarations publiques émaillent ici et là l’actualité politique. Succinctement, Marcel Côté est pour la privatisation des services de santé. Il a prétendu, dans l’effervescence du printemps érable, que la mafia avait un fonctionnement plus démocratique que les associations étudiantes, faut le lire pour le croire. Il a aussi déclaré que la subvention aux tarifs d’électricité résidentiels par Hydro-Québec était « un crime contre l’humanité ». C’est ce personnage qui risque d’être le prochain maire de Montréal.
Et Benoit Dorais dans tout ça !
Suite à la crise politique lors du départ de l’ex-maire Tremblay, Benoit Dorais fut nommé à la vice-présidence du comité exécutif, responsable de l’habitation. À ce titre, il n’a encore rien bousculé à ce que l’on sache, enfin du point de vue des besoins des dizaines de milliers de ménages qui ne peuvent s’offrir un logement décent, c’est le petit train-train qui se poursuit. Mais cette nomination révèle tout de même quelque chose: Benoit Dorais monte dans l’appareil, une carrière s’ouvre. On peut supposer logiquement qu’il voudra y faire sa place, puisqu’il a accepté d’y être. Alors, il cherchera sans doute à trouver la recette qui le fera apparaître comme crédible pour les « gens d’affaires » tout en étant ouvert à la discussion concernant les revendications sociales des milieux communautaires, dilemme qu’il n’a pas résolu dans le Sud-Ouest.
Mais là, il y a un os sérieux. Vision Montréal (Benoit Dorais a sans doute participé aux discussions) a choisi de faire une coalition avec le candidat-maire Marcel Côté, un personnage qui devrait être déclaré « non-grata » par toutes les personnes qui ont le moindrement un esprit de justice sociale dans les tripes. Marcel Côté n’acceptera pas de « dilapider » des fonds pour le logement social qui pourraient freiner le développement capitaliste de Montréal.
Bref, les idées de Benoit Dorais, enfin celles que l’ont a pu discuter depuis 4 ans dans le Sud-ouest, se trouveraient théoriquement en porte à faux avec son candidat-maire. Osera-t-il confronté ses positions avec celles de Marcel Côté ?
Rien n’est moins sûr.
Marcel Sévigny, Agence de presse libre de la Pointe