En cette fin d’année 2018 où les changements climatiques ont fait un bond inespéré dans la trame politique locale et mondiale, aucune vague ou tsunami n’a frappé le « monde immobilier ». Au contraire, nous avons assisté à des records d’activités immobilières partout au Canada et à Montréal et conséquemment à la dégradation des conditions de logement pour une partie significative de la population. l’immobilier risque de rester un enjeu majeur pour la qualité et les conditions de vie dans les communautés locales.
Le Bâtiment 7 dans la tourmente
La récupération du Bâtiment 7 après 8 ans de lutte (2009 – 2017) est une victoire significative pour le militantisme local à Pointe-Saint-Charles. L’entente signée à l’Hôtel de ville en 2012 concédait le bâtiment au Collectif 7 à nous. Mais ce n’est que 41/2 ans plus tard que le Collectif 7 à nous en prenait possession. La fierté et la satisfaction étaient palpables au sein du Collectif 7 à nous, des membres du B7 et des sympathisantEs lors de l’ouverture « officielle » au public le 5 mai 2018.
Cela dit, cette date du 5 mai ne signifiait pas la fin d’une histoire de lutte, mais plutôt l’affirmation que l’aventure du Bâtiment 7 était entrée dans une démarche d’appropriation vers l’apprentissage à tâtons de l’AUTONOMIE collective. Il ne s’agit pas seulement d’un déroulement interne de l’écosystème du B7 mais également un processus visant à rejaillir dans la communauté locale, le quartier Pointe-Saint-Charles. Dans cet esprit, la vision d’aménagement urbain du Collectif 7 à nous (services collectifs auto-organisés, convivialité des espaces, sécurité urbaine collective, etc.) se trouve en confrontation avec les promoteurs immobiliers dont l’objectif principal est la recherche du profit maximum basé autour d’un urbanisme de « consommation » (commodités pour l’auto individuelle, propriété privée du sol, etc.).
Enclavement et gain politique
Le bâtiment, tel qu’il a été cédé au Collectif 7 à nous par l’entente de 2012, est fortement enclavé par des terrains appartenant au groupe Mach. Des côtés nord et est, une bande de 3 mètres sépare le B7 des Cours de Pointe-Saint-Charles propriété de Mach. Du côté ouest, la façade du B7 sur la rue Le Ber, groupe Mach a dû céder le lot 2 à la Ville lors de l’entente de 2012. Une place publique devrait y être aménagée après la décontamination du terrain, ce qui devrait avoir lieu en 2019. Du côté sud (rue Sainte-Madeleine), les lots 3 – 4 et 5 qui longent le Bâtiment 7 sont toujours la propriété de Mach. Les lots 3 et 4 sont prévus pour des condos selon l’entente de 2012. Cette partie de l’entente a toujours été contestée par le Collectif 7 à nous qui revient à la charge 7 ans plus tard. Quant au lot 5, la promesse d’achat par la Ville a été obtenue lors de la campagne électorale de 2017. Ce terrain devrait être réservé à des fins d’agriculture urbaine et le développement d’un pôle alimentaire, un des projets phare du Collectif 7 à nous et du mouvement social du quartier. Ainsi, ces 2 lots (2 et 5) versés aux « pouvoirs publics » sont un gain politique net à l’avantage de la communauté et + encore si le Collectif 7 à nous et le mouvement social s’approprient son utilisation collective selon les besoins et désirs du milieu et non ceux des technocrates de la Ville.
Lutte pour l’épanouissement du B7
Reste les lots 3 et 4 qu’on voit en jaune et en rose sur la carte sont ceux qui sont prévus être développés par Samcon un promoteur immobilier partenaire du groupe Mach. Ces 2 terrains sont l’objet d’un enjeu immobilier antagonique à très court terme. D’une part, des condos liés à la vision mercantile de l’aménagement urbain que l’on connaît si bien à Montréal et qui viendraient enclaver le Bâtiment 7. De l’autre une vision d’appropriation collective de l’aménagement urbain pour y maximiser l’accessibilité et l’intégration fonctionnelle du projet de pôle alimentaire au Bâtiment 7. Bref, les intérêts du Dieu argent contre ceux d’une communauté de vie.
Les négociations devront aboutir en faveur du mouvement social
Depuis plusieurs mois des négociations se mènent ouvertement entre le groupe Mach, Samcon, le collectif 7 à nous et l’arrondissement Sud-Ouest. Quoiqu’il en soit, pour le Collectif 7 à nous, il est impensable que des condos soient construits sur les lots 3 et 4. Une ou des solutions devront être trouvées.
Il s’agit d’un dossier complexe puisque les lots 3 et 4 (54 unités de condos) font partie d’un ensemble de 850 unités de logements (dont 25% de logement social) obtenus lors la lutte menant à l’entente de 2012.
À titre de compromis, les solutions pourraient permettre aux promoteurs immobiliers de « conserver » leurs marges de profit en reportant les 54 condos « perdus » des lots 3 et 4 sur les autres constructions environnantes.
Le Collectif 7 à nous ne s’oppose pas à cette manière d’évaluer cette sortie de crise qui laisserait intacte les marges de profit. Des explications sont ici nécessaires puisque comme nous l’avons dit il s’agit d’un enjeu complexe. En bref, les éléments qui font partie de l’analyse et qui ont fait l’objet d’un consensus local entre les intervenants sur le logement:
• Protéger les 210 logements sociaux prévus;
• Permettre de dégager les lots 3 et 4 pour désenclaver le Bâtiment 7.
À court terme les promoteurs immobiliers s’en tirent, il faut le constater. Mais il permet au projet de Fabrique d’autonomie collective (le B7) de consolider son enracinement et son expansion sur un territoire collectif et par conséquent des possibilités réelles d’élargir son autonomie au sein de la communauté.
Le dénouement de ce bras de fer se fera sans doute dans les tous prochains mois. Une lutte à suivre.