Le 22 janvier dernier, nous avions salué la victoire des zadistes de Notre-Dame des Landes (NDDL) contre le projet d’aéroport. Mais nous écrivions aussi que « l’État a reculé. Mais c’est un recul stratégique. Il est conscient que ce mouvement des ZAD percole le territoire français ici et là alors que parallèlement s’effrite la légitimité des appareils politiques de représentation dans la société ».
Ils et elles sont à peine 200 qui s’acharnent à construire un projet collectif d’agriculture, d’élevage et autres productions artisanales. Mais ils et elles sont dangereux, car ils et elles ont décidé de travailler la terre en dehors des cadres et des normes de l’agriculture productiviste, de l’endettement au Crédit Agricole et de la propriété privée.
Voilà pourquoi 2 500 policiers armés jusqu’aux dents (représente la moitié des effectifs militaires français déployés dans le monde à l’extérieur du pays) ont entrepris de détruire leurs constructions au prétexte qu’ils refusent de présenter des projets individuels d’agriculture. Imaginez! Des gens qui osent préférer un projet collectif plutôt que la propriété individuelle. Un véritable sacrilège. C’est l’argument qu’avance l’État et qui est devenu le prétexte pour chasser tous ces intrus qui protègent depuis 10 ans l’écologie de ces 1650 hectares de terre.
Ce qui nous attend
Ce qui se déroule depuis le 9 avril à NDDL n’est aucunement une erreur de parcours d’un des « grands pays démocratiques du monde occidental ». Partout, l’autoritarisme, la militarisation et la répression judiciaire sont en nette progression et sont devenus ouvertement une manière de gérer la société. Et nous notons que c’est à l’encontre des mouvements ayant comme perspective de vivre et de s’organiser autrement, c’est-à-dire de sortir des ornières de la société capitaliste, que la hargne de l’État semble la plus forte. Selon l’équipe médicale sur les lieux plus de 150 personnes ont été blessées, dont plusieurs gravement, par la répression policière commandée par l’État.
Sortir du carcan ultra réglementé et contrôlé du système et se mettre à construire la société alternative est reçu comme un acte ou un mouvement subversif par l’État et ses institutions. L’État a raison. Ces subversifs sont autrement plus dangereux que les djihadistes en tout genre parce qu’il et elles peuvent influencer une partie du peuple comme le démontre la présence de 15 à 20 000 personnes sur la ZAD hier dimanche 15 avril malgré les barrages policiers.
Casser ce mouvement naissant de réappropriation alternative des milieux de vie paysans, ou urbains préfigurant une transformation radicale de la société, voilà ce que Macron, Hulot et Collomb (L’État et le gouvernement français) cherchent à annihiler sous les bulldozers à NDDL. Erreur de parcours d’une démocratie occidentale ?
Non et il faut en prendre acte. L’autoritarisme, la militarisation et la répression judiciaire contre les mouvements sociaux (surtout ceux qui transgressent l’ordre capitaliste) sont ouvertement devenus une norme de gestion.
Fini le temps où les grandes manifestations pouvaient ébranler les gouvernements. Le véritable danger de déstabilisation pour les gouvernements et l’État vient de ces mouvements de construction d’une société alternative qui ont décidé de déroger et de sortir, au moins partiellement de la logique capitaliste. Autrement, pourquoi enverrait-on 2 500 policiers pour déloger moins de 200 personnes sur les 65 millions de françaisEs ?
Alors, merci à ces quelques dizaines de résistantes, de résistants, de bâtisseurs d’une autre vie à Notre Dame des Landes et aux dizaines de milliers de gens qui les supportent et ne croient plus aux mensonges des puissants.
Merci aussi aux zadistes d’un peu partout à travers le monde, qui nous indique quelques-uns de ces chemins à prendre et à tracer pour le présent et l’avenir et … pourquoi pas le début d’un vent de panique chez les États.
Des ZAD partout.
ENFIN, nous joignons la déclaration de solidarité de la gang du B7 à NDDL: Déclaration du B7: cliquez ici