Le Mardi 12 janvier 2016, les élu-e-s de l’arrondissement du Sud-Ouest ont rejeté un projet immobilier
décrit par le journal Le Devoir comme ceci « démolition d’un bâtiment existant et construction d’un immeuble de six étant comportant 185 condos, 77 logements sociaux, ainsi que des espaces à vocation communautaires et des bureaux ». Au-delà, de ce dossier particulier où sont en jeu la réalisation de logements sociaux dont ont grandement besoin les ménages du quartier, c’est toute l’ambiguïté qui persiste dans le milieu militant local sur l’absence d’une vision cohérente et d’une stratégie efficace pour lutter contre l’embourgeoisement dans le contexte actuel.
Un NON bureaucratico-politique
Cette décision des élu-e-s de Projet Montréal, majoritaires au conseil, contesté par le maire Dorais, est basé sur un principe tout à fait louable. Il faut arrêter le développement à la pièce autour du canal de Lachine et se donner une vision cohérente. Ce principe est sans doute partagé par tous les
acteurs sociaux du quartier ainsi que par les élu-e-s de Projet Montréal. Cependant, s’il est appliqué à la lettre sans tenir compte des enjeux sociaux et politiques locaux, cela peut devenir aberrant. C’est nettement l’impression que laisse croire la décision des élu-e-s.
Pour l’instant cette « supposée vision cohérente du développement », ce ne sont que des paroles, la Ville de Montréal n’ayant pas encore procédé. Projet Montréal se sert vraisemblablement de ce projet pour faire pression sur la Ville centre et le maire Denis Coderre. Ce faisant, Projet Montréal bloque le seul projet du côté sud du canal où du logement social sur site est prévu.
Ainsi, dans le contexte social et politique de l’embourgeoisement du quartier et du Sud-Ouest, l’application stricte du principe veut dire le refus de tout projet, d’où qu’il vienne. La décision des élu-e-s risque de se révéler comme une perte sèche pour le milieu communautaire. En effet, 77 logements sociaux et la relocalisation de quelques groupes, évincés d’une école par la Commission scolaire de Montréal, sont mis en péril faute d’une alternative que ne semble pas avoir proposée l’arrondissement. Profitant de la faiblesse stratégique de Projet Montréal sur le dossier, le maire Dorais a eu beau jeu de « qualifier de dogmatique l’attitude des élu-e-s de Projet Montréal » comme le rapportait Le Devoir.
Dans le passé tout récent, les groupes communautaires ont fortement dénoncé le fait que les projets de condos (par exemple, le Walter sur Atwater et le Myst approuvés par l’arrondissement, y compris par le maire Dorais), n’aient aucun logement social à offrir sur site. On peut comprendre que Projet Montréal ait décidé ENFIN de faire un virage politique sur l’enjeu des condos, mais pourquoi le faire au détriment des gens qui sont généralement pénalisés par l’embourgeoisement actuel?
Ainsi, pris au centre de la problématique de l’embourgeoisement sans retenu du Sud-Ouest, et sans une réelle vision politique pour contrer les effets sur la situation des ménages à faible et moyen revenus, les élu-e-s n’ont pas su prendre la décision qui s’imposait, soit celle de faire une « entorse de transition » au principe d’une volonté de planification du développement en lançant un message politique sur la place publique.
Les élu-e-s de Projet Montréal aurait dû stratégiquement dire oui à ce projet en exprimant clairement les raisons en tant que message aux futurs projets immobiliers:
• Nous disons oui au projet parce qu’il y a 30% de logement social;
• Nous disons oui parce qu’il permet de reloger des groupes communautaires, autour de l’idée de se préoccuper à l’avenir de l’environnement social général des projets immobiliers dans une communauté.
Il y aurait ici une base minimum pour évaluer les prochains projets.
Nous ne connaissons pas l’état des tractations entre le promoteur et l’arrondissement sur ce dossier, mais il est sans doute encore temps de faire volte-face.
La faiblesse des perspectives de lutte contre l’embourgeoisement
Il n’est pas difficile de dire que la politique et la stratégie de défense des intérêts de la majorité de la population sur la question du logement de la part de l’arrondissement est en grande partie tout à fait inefficace. Le maire Dorais ne nous fera certainement pas pleurer en affirmant que sous son règne « 1396 logements sociaux et communautaires ont été réalisés ». Concédons qu’il y a eu certains efforts. Et le maire est sans doute prêt à faire mieux, mais… sans transgresser la vision néo-libérale, du développement urbain qui domine totalement le paysage. Celle-ci a entraîné depuis 10 ans une pression insupportable sur les conditions de logement de la majorité (augmentation des loyers, harcèlement des locataires, expulsions et exode de plusieurs centaines de ménages). Se plier à cette logique et aux résultats catastrophiques que provoque l’embourgeoisement est un non-sens pour des élu-e-s qui se présentent comme « progressiste ».
Nous pouvons leur lancer la pierre aux élu-e-s et c’est ce que nous faisons. Mais, la mollesse de leur position politique face à l’embourgeoisement du quartier et du Sud-Ouest, ne doit pas faire oublier les ambiguïtés des positions militantes du quartier sur l’enjeu de l’embourgeoisement. Le dossier 2155-2175 St-Patrick en fait ressortir quelques-unes.
Canal de Lachine = bataille perdue
Aujourd’hui, il semble qu’une majorité militante de Pointe-Saint-Charles considère comme étant perdue, la bataille contre la condoisation du canal de Lachine. La dernière escarmouche sérieuse fut la tentative, ratée de peu en 2013, de provoquer un référendum sur le projet du Myst. Le bilan de cette longue période n’a pas eu lieu et une analyse fouillée serait nécessaire pour cerner les sources de la « défaite ». Ainsi, tiraillé par des divergences de fond quant aux perspectives de lutte contre l’embourgeoisement du quartier, le réseau communautaire n’a pu faire l’unité « stratégique » nécessaire face aux élu-e-s de l’arrondissement sur le dossier 2155-2175 St-Patrick. Voilà un élément qui a sans doute « aidé » Projet Montréal à décider que ce serait non au projet.
Mais accepter 77 logements sociaux près du canal indique-t-il que la bataille du canal soit définitivement perdue et qu’une autre stratégie de lutte se met en place? Ou bien est-ce désormais l’idée que peu importe les circonstances, l’objectif principal est le nombre de logements sociaux qui se réalisent?
Et la relocalisation de certains groupes dans un projet immobilier privé relance certains questionnements. Par exemple, la vulnérabilité et l’insécurité de la location commerciale par rapport à la propriété collective et cette relocalisation dans un milieu complètement bourgeois, à l’écart de toute dynamique communautaire ou populaire. Cela n’affaiblit-il pas davantage une vision cohérente et collective des perspectives de développement communautaire? Et de celle d’une communauté solidaire? Serait-ce que certains de ces derniers arguments seraient la source du refus du projet 2155-2175 St-Patrick par des militant-e-s de la Pointe?
Voilà autant d’interrogations qui viennent nous submerger et nous alarmer quant à l’absence d’une analyse populaire clairvoyante des enjeux sociopolitiques, dont l’embourgeoisement, qui frappe le quartier Pointe-Saint-Charles.
L’embourgeoisement du quartier
L’enjeu des condos et de l’embourgeoisement touche l’ensemble du quartier. Les forces militantes du quartier ont été incapables de développer une vision générale et une stratégie à court et à long terme de lutte pour contrer ce qui est en train de basculer petit à petit : le changement du « caractère populaire » de Pointe-Saint-Charles. Le succès très mitigé de la campagne « À QUI LA POINTE » ne va maintenant nulle part. Ajouter à cela, c’est le manque flagrant de perspectives politiques locales en lien avec l’évolution de l’économie mondialisée (penser globalement, agir localement). Par exemple une question du genre « Comment, en 2016 consolider un contre-pouvoir populaire et émancipateur dans le quartier ?».
Pour l’instant, le mouvement social n’ose pas dire que la bataille contre l’embourgeoisement est perdue dans le quartier. Comme si on espérait encore vaguement que la situation se retourne d’elle-même et que les gouvernements fassent un virage à 180 degrés en investissant massivement dans le logement social et que la ville et l’arrondissement se mettent à créer « frénétiquement » une banque de terrains et imposer des quotas de 30% de logement social dans tous les projets.
Ce qui peut sembler devenir une bataille perdue à l’heure actuelle contre l’embourgeoisement n’est possiblement que le reflet d’une analyse et de stratégies de lutte qui ne sont plus en adéquation avec la dynamique de transformation urbaine sous la poussée du néo-libéralisme et de l’économie capitaliste. Cela entraîne la confusion. On ne saisit plus très bien dans les milieux militants du quartier ce qu’il faudrait faire pour combattre l’embourgeoisement par des stratégies d’action visant la consolidation du caractère populaire du quartier.
Lorsqu’il y a confusion dans nos idées et dans nos objectifs, on s’assoit et on réfléchit. Cela vaut pour les militant-e-s sociaux et politiques de toutes tendances. Pourquoi pas des États généraux du mouvement social et politique local?
si la gentrification es bien lancer et que les terrain qui reste sont a des promoteur immobilier pourquoi de pas vouloir essayer de gagner du logement social dans l inclusion a la pièce cela donne pas l autorisation a toute les promoteur de développer mais a ceux qui inclus du logement social ?