Pétrole et catastrophe à la Pointe

Nous avons appris dernièrement qu’un nouveau projet d’exportation de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta traversera le Québec pour alimenter un futur port à Belledune au Nouveau-Brunswick.

Les 2 convois par jour de 110 wagons chacun chargés de pétrole traverseront le Québec et le centre de nombreuses villes, dont le cœur du quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal.
(Ci-contre, une image de l’incendie à Lac-Mégantic)

Évidemment, comme le rapportent les médias, de très nombreuses municipalités s’inquiètent très sérieusement de la situation. Cette nouvelle inquiétude n’est pas étrangère au souvenir de la catastrophe de Lac-Mégantic (6 000 h) où un convoi de 80 wagons de pétrole a déraillé et explosé faisant 47 morts le 6 juillet 2013.

L’opposition citoyenne se développe

Ce nouveau projet de transport de pétrole est à mettre en parallèle avec les projets de pipeline qui doivent traverser le Québec. C’est toute l’industrie pétrolière canadienne avec l’appui des gouvernements qui met le paquet pour développer la filière pétrolière. Déjà avant la tragédie de Lac-Mégantic des dizaines de comités de citoyens se sont mis sur pied pour lutter contre les projets de gaz de schiste menaçant d’envahir le territoire. Désormais, cette opposition aux projets de fracturation a fait convergence avec ceux et celles qui s’opposent aux pipelines projetés et au transport du pétrole par train. C’est toute l’industrie du pétrole qui est ciblée.
Face à cette opposition grandissante, l’État et les compagnies pétrolières y voient une menace sérieuse contre la réalisation de leurs projets. Ils sont nerveux, à tel point que « subtilement », lois et règlements sur la sécurité tentent de criminaliser les mouvements de contestations en plus de dépenser des millions en marketing et démagogie politique pour « vendre leur produit », celui de la croissance à tout prix. À la catastrophe humaine localisée et anticipée, se superpose déjà celle de l’écologie et des changements climatiques.

Un « Lac-Mégantic » à la Pointe ?

Mais revenons à cette annonce de la compagnie Chaleur Terminals qui traversera Montréal et le quartier Pointe-Saint-Charles. Depuis 2010, deux déraillements de train se sont produits à la Pointe. Un sur la rue d’Argenson et un autre juste en face de l’école Charles Lemoyne. Heureusement, dans les 2 cas, il ne s’agissait pas de produits considérés comme dangereux. Ces 2 déraillements évoquent cependant le fait que des centaines, oui oui, je dis bien des centaines de déraillements se produisent chaque année au Canada. Il ne s’agit donc pas de se poser la question « Va-t-il y avoir un autre déraillement à la Pointe? » mais plutôt quand sera le prochain?

Avec cette circulation accrue de pétrole, la menace d’un déraillement mortel s’accentuera. Et il semble clair que l’État et les compagnies vont tout faire pour éviter tout compromis qui pourrait avoir une incidence sur les profits de l’industrie pétrolière.

Ne compter que sur ses propres moyens

Dans un tel contexte, où les gouvernements donnent priorité aux intérêts pétroliers, la sécurité physique des populations s’avère être un thème mobilisateur dans des centaines de communautés locales au Québec et au Canada. Bien que cela soit laborieux, des jonctions s’effectuent entre l’enjeu de la sécurité et celui « plus directement politique » de la lutte contre l’industrie pétrolière. On peut même entrevoir la construction d’un rapport de force contre la domination capitaliste. Mais ne préjugeons pas trop vite. Beaucoup d’éducation et d’interventions militantes sont à mener pour monter une opposition contre la réalisation des projets d’exportation pétrolière.

Stopper l’inacceptable

Si les gouvernements et l’industrie pétrolière pensent que la circulation de produits dangereux menaçant des centaines de personnes est acceptable alors la seule solution envisageable est de bloquer ces projets à la Pointe comme partout ailleurs.