Le journal local la Voix Pop écrit que des commerces ont été vandalisés par une dizaine d’individus cagoulés, une reprise semble-t-il, de ce qui s’était passé en décembre dernier. La Voix Pop s’avance plus loin: « Certaines des attaques, dont ont été victimes des commerçants ont été revendiqués par des groupes dénonçant l’embourgeoisement de St-Henri » un quartier voisin de Pointe-Saint-Charles. À l’évidence il s’agit d’une grossière tentative d’aiguiller les soupçons sur des groupes locaux revendiquant du logement social et qui exigent la fin de l’embourgeoisement.
Pour sa part le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais affirme « Que le message soit politique ou non on ne peut pas utiliser la violence pour faire valoir son point de vue ». En disant cela, le maire sait
pertinemment que le fond du problème posé à travers ces actions est éminemment politique.
Oui, l’embourgeoisement effréné du Sud-Ouest qui s’accompagne d’évictions, de harcèlement, de hausses faramineuses de loyers et de refoulement des ménages économiquement marginalisées représente une violence « légalisée » par les lois du marché, les réglementations et les décisions politiques. Le défonçage de vitrines de commerces « de luxe » n’est sans doute que la réaction à cette violence institutionnalisée que les gens voient et ressentent dans leurs tripes.
Nous l’avons déjà dit, s’accommoder de la logique privée de la croissance et du développement en tentant de calmer le jeu dans les interstices par quelques trop rares projets de logements sociaux n’est une solution que pour les âmes charitables. Autrement, on ne devrait pas se surprendre si cela crée des situations sociales explosives.
Et puis, pour recentrer la pensée du maire, lorsqu’on assiste à la criminalisation grandissante des manifestations d’opposition à l’austérité (la très vaste majorité du temps pacifique pour l’instant), forme d’autoritarisme empiétant sur la liberté de s’exprimer, on ne doit pas s’étonner non plus que le couvercle de la marmite se soulève de temps en temps et pour le futur proche, de plus en plus souvent.