Augmentations régulières et annuelles des tarifs, dégradation de la vie urbaine et communautaire dans les quartiers, les dizaines de piétons et cyclistes tués et les milliers d’autres blessés par l’auto tous les ans. .
Qui n’a pas noté l’omniprésence grandissante de l’auto dans nos rues?Additionné à tous les autres aspects négatifs engendrés par l’auto (pollutions diverses, encombrement, stress, bruit, gaspillages des ressources, etc.), ça fait pas joli comme bouquet.
Nos élu-e-s locaux se désoleront sans doute des résultats de la dixième enquête « Origine-Destination » de l’Agence métropolitaine de transport (AMT). Ce qui frappe : 15% de hausse pour les déplacements en auto contre 10% pour le transport collectif dans les 5 dernières années (2008-2013). La croissance de la population est de l’ordre de 5 %, mais la progression du parc automobile est de 11 % (200 000 voitures de plus dans les rues depuis 5 ans). Nous ne sommes pas en 1975 dans le boom de l’« American way of life » et de l’étalement urbain, mais bien en 2015 au moment où la catastrophe écologique est à la veille de nous « péter dans la face ». Pas surprenant que le transport génère autour de 40% des GES (gaz à effet de serre) à Montréal (60% dans la région métropolitaine).
Formidable !
Ainsi, sur une base quotidienne, indique l’étude de l’AMT, la part de marché du transport collectif est demeurée stable à 23%. Formidable nous disent les « irresponsables » politiques. On tente de nous convaincre chez les élu-e-s qu’on va dans la bonne direction. Pourtant, la part du transport en commun était de 38% en 1987 selon le bilan de la STCUM (Société de transport de la communauté urbaine de Montréal) de l’époque. Discours bidon qui reflète au minimum la lâcheté de dire la vérité. À 23%, le transport collectif a perdu la bataille contre l’envahissement de l’auto individuelle et reste solidement cantonné dans la section marginalité. C’est bien la vision capitaliste du transport qui domine presque sans partage (le transport collectif servant de soupape au développement capitaliste de la ville).
Que défendent nos élu-e-s locaux?
C’est à l’enseigne du « développement durable », concept fourre-tout faisant l’unanimité dans la classe politique de la région de Montréal, que les dirigeants nous font leurs boniments sur le transport en commun. Excellente trouvaille pour endormir la population et les mouvements sociaux (la CSN à Montréal (120 000 syndiqué-e-s) « milite » pour le développement durable).
Dans le Sud-Ouest, le maire Dorais ne jure que par le développement durable. Il semble y tenir profondément. Il est dans l’erreur, mais nous respectons son choix. Pour ce qui est des élu-e-s majoritaire de Projet Montréal, leur programme politique, bien que chiffré sous le titre de « transport durable », ne s’attaque nullement à l’hégémonie de l’auto comme moyen privilégié de déplacement. Entre autres, pas un mot sur les tarifs.
Ainsi, c’est dans cet esprit vague à souhait du développement durable que les élu-e-s du Sud-Ouest agissent pour la sécurité des piétons (30k/h sur les rues résidentielles, bornes dans les rues, saillies près des intersections, etc.). Ces petites douceurs pour piétons peuvent apparaître rafraîchissantes à première vue et conforter à court terme l’idée générale que les élu-e-s « s’occupent vraiment » des problèmes de dégradation de la vie urbaine. Mais ces actions restent dérisoires parce qu’elles renforcent le statu quo. On le voit bien, avec 200 000 autos supplémentaires en 5 ans dans les rues de la ville la dégradation de la vie urbaine et communautaire continuera. Si on veut lire entre les lignes, c’est bien le message qu’envoie l’enquête de l’AMT.
Mais soyons bons joueurs. En effet, on ne saurait exiger des élu-e-s de Projet Montréal de l’arrondissement du Sud-Ouest d’infléchir à eux et à elles seules la lourde tendance. Ce serait leur demander l’impossible. Mais il est peut-être temps qu’ils et elles réfléchissent à partir d’un point de vue écologique. Par exemple, que peut-on rêver comme quartiers écologiques pour le Sud-Ouest? « Chers élu-e-s », cela vous tient à cœur sans doute. Mais cela n’est possible qu’au prix d’une transformation radicale de la société. Pour cela vous devez quitter votre zone de confort.
L’absence d’une perspective écologiste
Il est vrai que la pression des écologistes ou autres militant-e-s radicaux qui s’inquiètent des enjeux climatiques est totalement absente des enjeux de transport à Montréal. Ce qui laisse respirer d’aise les élu-e-s de la région à défaut de respirer de l’air pur. Tout au plus, seules des revendications contre les hausses de tarifs ou la demande d’un tarif social pour les faibles revenus apparaissent épisodiquement, ce qui n’a rien pour ébranler le long fleuve tranquille du statu quo.
Autrement dit, tout le monde dort au gaz. Pendant ce temps des mouvements d’élu-e-s municipaux et citoyens militent pour le prolongement d’autoroutes, notamment la 13 et la 19, à coup de milliards$. Tout ça dans l’esprit du développement durable.
Voilà pourquoi le rapport de l’AMT a déjà été oublié une semaine après sa sortie.