Gauche et partis politiques

Il n’y a pas que l’extrême droite qui a fait des gains aux dernières élections européennes; la gauche radicale aussi s’est bien placée, du moins dans certains pays, notamment l’Espagne. Voici une petite analyse très intéressante sur le sujet de la part de Floréal, un militant municipaliste libertaire espagnol, ami d’un membre de la Pointe Libertaire, que nous reproduisons ici avec sa permission.

*****

Intéressant à bien des égards toute cette agitation. Podemos, le Roi qui abdique, la demande d´un référendum pour l´abolition de la Royauté….

Un score pareil montre bien à quel point les gens en ont par dessus la tête des abus de toute sorte commis à la fois par les banques, les grandes compagnies comme les électriques, les riches, la maison royale et les politiciens de tout bord, sans oublier la police.

Intéressant aussi ce mouvement issu de la base et de mouvements assembléaires comme le 15M.

Intéressant d´assister à l´union, au pacte tacite à la fois, de la droite et de la gauche pour essayer de contrer cette percée des mécontents qui risquent de saper les privilèges de toute sorte.

Mais intéressant aussi de voir comment Izqueirda Unida, spécialiste en entrismes de toutes sortes, a commencés à les courtiser.

Et là commencent les problèmes pour cette jeune formation. Les alliances, donc les compromis, vont commencer…

Souvenons-nous, en Espagne, lors de la fameuse Transition, en 1975, tout avait commencé par des assemblées de quartier, puis la création de partis, puis le « travail », l´agir des politiciens professionnel ont, peu à peu, annulé l´agir du peuple, délégant enfin son pouvoir.

Rappelons-nous la radicalité des « Vert » en Allemagne avec toutes leurs consignes libertaires de rotation des tâches, contrôle de la base, etc… Tout cela a bien fini par une normalisation tranquille, une belle et modélique intégration.

En fait la victoire de Podemos est une victoire à la Pirrus. Celle qui a gagné, une fois de plus, c´est la « DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE« . Tout comme elle gagnera davantage si le roi est destitué.

La « Marca España » a besoin d´un bon lavage, d´une nouvelle image.

On peut augurer que Podemos, avec ses députés européens pleins de verve, baisseront bientôt le ton. Seraient-ils plus honnêtes que les Verts? Il ne s´agit pas là de morale mais bien de structure. Une structure qui structure les personnes et leur fonctionnement.

Rien de plus éloigné de la réalité du peuple que le Parlement Européen, mais on ose encore parler d´horizontalité…
Et puis tous les coquins vont s´affilier à Podemos. Pourquoi pas le Député Maire de Marinaleda d´Izquierda Unida, par exemple? Mais il est encore trop tôt sans doute…

Il en aurait été autrement si le 15M s´était présenté et cantonné aux élections municipales pour proposer une démocratie directe, étant donné que l´embryon était déjà là, en place, dans tous les quartiers des grandes villes.

Les libertaires, nombreux en Espagne n´ont pas voulu, n´ont pas su proposer une forme de municipalisme tel que le proposait Bookchin ou autrement… Le mouvement libertaire en est encore en 36, négligeant le champ du Politique.

Mais étant donné l´accélération des logiques politiques, il se peut que nous assistions bientôt à un revirement de situation. À la condition que nous osions, la démocratie directe, au lieu d´applaudir et vouloir singer, tour à tour, les mouvements soit disant radicaux, (en Tunisie, en Grèce, en Italie, et j´en passe…) qui surgissent de ci et de là pour refaire inlassablement le même parcours.

Floréal

Espagne : le mouvement anti-austérité des indignés recueille 1,8
millions de voix et obtient 5 députés européens